Pédagogie de projet : Quelques éléments issus de la recherche

Indications théoriques sur la notion de pédagogie de projet

La référence à la notion de projet est omniprésente, que ce soit dans la société (projet d’entreprise, de carrière, de vie) ou dans l’école (projet d’école, de cycle...). Ce document présente quelques indications théoriques sur cette notion, et recense quelques exemples de mise en œuvre de projets à l’école (principalement primaire). Il distingue les projets institutionnels (d’école) et la pédagogie de projet (dans les classes).

RefProjets et pédagogie de projet.(2018)  Françoise Campanale, Christophe Charroud, et Philippe Dessus, LaRAC & LSE, Univ. Grenoble Alpes


Une méta-analyse récente (2019)

L'apprentissage par projet est généralement considéré comme une alternative à l'apprentissage traditionnel. Toutefois, on constate un manque notable de méta-analyses pour ce qui est de déterminer ses effets globaux sur les résultats scolaires des étudiants, et quelles caractéristiques des études peuvent modérer les impacts de l'apprentissage par projet. Cette étude a donc réalisé une méta-analyse dans le but de synthétiser les recherches existantes qui comparent les effets de l'apprentissage par projet et l'apprentissage traditionnel.

Ref : Chen, C. H., & Yang, Y. C. (2019). Revisiting the effects of project-based learning on students’ academic achievement: A meta-analysis investigating moderators. Educational Research Review26, 71-81.


Revue de littérature et méta-analyse

Les travaux de recherche sur la pédagogie de projet sont rares, nous pouvons citer une revue de la littérature sur la pédagogie par projet de Helle, Tynjälä et Olkinuora (2006 ) porte sur 28 articles.

En majorité, ces articles consistent surtout en une description d’un enseignement conçu et mis en œuvre par un( e) enseignant( e) innovant( e) ou par des étudiants consacrant leurs travaux de recherche à des domaines ne relevant pas de la recherche en éducation.. Les évaluations sont la plupart du temps anecdotiques, ne permettant pas de rendre compte de l’effet de ce type d’enseignement.

Ref : Helle, L., Tynjälä, P., & Olkinuora, E. (2006). Project-based learning in post-secondary education–theory, practice and rubber sling shots. Higher Education51(2), 287-314.


Les difficultés liées à la pédagogique de projet

Si la littérature empirique ne mesure qu’assez peu (et très approximativement ) la plus-value de la pédagogie par projet en termes d’apprentissage, on dispose d’un nombre non négligeable de publications analysant les difficultés rencontrées par les élèves ou les étudiants.

Margarida Romero (2010) a recensé cette littérature, en prenant en compte les projets conduits à distance, par des groupes d’étudiants travaillant avec un ordinateur (et parfois, une plateforme). Elle montre qu’on peut catégoriser les difficultés ainsi :

−      difficultés à apprendre ensemble

−      difficultés à s’organiser, se coordonner, à planifier et surtout à gérer le temps du projet, liées notamment à la nécessité d’élaborer un temps commun et un temps individuel, à réguler ces deux temps, à admettre que si les autres élèves travaillent peu et prennent du retard, on peut soi-même travailler peu et faire prendre du retard au groupe, etc. ;

−      difficultés à communiquer entre membres du groupe, notamment à distance, liées à la perte d’informations contextuelles (qui fait quoi en ce moment ?) et au caractère parfois synchrone et parfois asynchrone des communications ;

−      difficultés à utiliser l’environnement informatique censé soutenir la réalisation du projet pédagogique à distance, liées à la complexité de l’environnement informatique, à sa faible utilisabilité, voire à sa faible utilité.

Pourtant, dans cette revue de la littérature , Margarida Romero montre que l’expérience vécue par les élèves et les étudiants est souvent perçue comme positive, voire très positive.

Ref :  Romero, M. (2010). Gestion du temps dans les activités projet médiatisées à distance. (Thèse de doctorat, université Toulouse 2 et Universitat autònoma de Barcelona).


Une synthèse

Selon Knoll (2012), Kilpatrick a pris conscience à la fin des années 1920 que la pédagogie par projet n’était pas une méthode mais une « philosophie personnelle » de l’enseignement. Comme il le disait déjà en 1918, « acte délibéré » ou « mise en activité » pourrait mieux désigner cette « philosophie personnelle ». Pourtant, cette idée plusieurs fois centenaire s’est progressivement développée pour devenir un incontournable des pédagogies innovantes.

Les quelques résultats très incomplets dont nous disposons semblent montrer que la pédagogie parprojet permet d’engager les élèves et les étudiants dans des activités, et que leur perception a posteriori  est très positive.

Les projets sont aussi des situations d’apprentissage par enseignement très exigeantes qui peuvent générer des difficultés importantes. Il est à peu près impossible de savoir si ces activités permettent de meilleurs apprentissages que d’autres, notamment parce que la pédagogie par projets est souvent utilisée dans des contextes où l’enjeu est aussi d’apprendre à conduire des projets, le but et le moyen ne faisant qu’un.

Ref : Knoll, M. (2012). «I had made a mistake»: William H. Kilpatrick and the Project Method. Teachers College Record, 114, 1-45.

 



Zuletzt geändert: Wednesday, 29. January 2020, 13:44